Olivier Jansonnie : « Nous avons énormément progressé en tant qu’équipe et nous serons au rendez-vous en 2024 »

Olivier Jansonnie, Directeur Technique de Peugeot Sport, revient sur la saison 2023 du Team Peugeot TotalEnergies en Championnat du Monde d’Endurance de la FIA (FIA WEC). Une saison qu’il qualifie de difficile mais où de nombreux points positifs sont à retirer, notamment la nette amélioration de la fiabilité de la PEUGEOT 9X8 tout au long de la saison ainsi que la progression opérationnelle de l’équipe, qui a su rester soudée et motivée malgré les moments difficiles.

Peux-tu revenir sur la saison 2023 du Team Peugeot TotalEnergies ?

« La saison 2023 a été une saison difficile, plus difficile que ce que l’on avait imaginé. Nous avons commencé l’année avec Sebring, qui était la course probablement la plus difficile pour nous car très particulière et nous n’avions pas eu l’occasion de tester sur le circuit, donc nous avons eu du mal à appréhender les spécificités inhérentes à la piste.

La première partie de saison a été marqué par des problèmes de fiabilité importants sur la voiture, que l’on a mis du temps à résoudre et qui ont donc entravé notre progression. Un énorme effort de l’équipe a été fait avant Le Mans, ce qui a permis de voir une nette amélioration de la fiabilité lors des 24 Heures du Mans puis lors des courses de Monza, Fuji et Bahreïn plus récemment.

Nous avons eu également au cours de cette saison un déficit de performance qui a été identifié sur des items techniques qui sont mal compensés par rapport à d’autres concurrents, au niveau de la balance de performance (BoP). Nous avons la particularité d’avoir une monte de pneumatiques spécifique qui engendre un concept aérodynamique particulier et les deux cumulés sont sous-performant, car mal évalués en termes de BoP. Grâce aux corrections de BoP au cours de la saison, nous nous sommes rapprochés en termes de performance, néanmoins nous n’avons jamais été en position de rivaliser pour la victoire face à nos concurrents. Nous avons fait le maximum que ce que l’on pouvait faire et grâce aux opportunités de course ou à une bonne stratégie, comme à Monza, nous avons parfois réussi à faire face à nos concurrents avec un bon résultat. »

Quel a été selon toi le moment le plus fort de la saison ?

« Le Mans et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’une participation aux 24 Heures du Mans est un événement en soit, c’est quelque chose qui marque une équipe et aussi une carrière individuellement. Cette course a également été une surprise car aux vues de la première partie de saison nous ne nous attendions pas à aussi bien figurer. Notre niveau de fiabilité était meilleur qu’escompté, notre performance en progrèset grâce à une stratégie de course avisée nous avons été aux avants postes, nous avons montré notre voiture, notre équipe et ce que l’on savait faire. Tout cela a été un boost pour l’équipe et un vrai tournant pour la suite de la saison. »

Pour l’équipe, comment cette saison difficile a-t-elle été gérée ?

« Grâce à cette équipe, qui s’est serrée les coudes toute la saison, qui a tenu le coup, nous avons réussi à franchir une étape opérationnelle importante. Aujourd’hui pour gagner il faut trois choses, une voiture performante, une voiture fiable car nous faisons des courses d’endurance ; et cela nous sommes doucement en train d’y arriver grâce à l’équipe d’exploitation mais également grâce aux équipes à Satory. Et enfin, une équipe qui progresse, en termes de cohésion et en termes d’efficacité opérationnelle, est un élément central pour la course à la victoire. Je suis fièr de faire partie de cette équipe, de l’engagement collectif que nous avons démontré en 2023. Noussommes désormais bien plus forts ensemble que cela soit d’un point de vue stratégique avec les ingénieurs, les pilotes et bien sur les mécaniciens. Il faut mesurer la difficulté de créer une équipe avec des individus qui ont chacun leur propre expérience mais qui n’ont jamais évolué à un tel niveau en tant qu’équipe. »

Comment se déroulera l’intersaison pour l’équipe ?

« L’intersaison va débuter dès le mois de décembre. Nous allons d’abord préparer la saison 2024 du FIA WEC, et cela va vite arriver car nous débutons dès le mois de février au Qatar. Et en parallèle, nous allons préparer les 24 Heures du Mans 2024, et c’est sur cela que nous allons mettre le plus d’énergie. Toute cette période, de décembre à avril sera cruciale et le défi sera d’arriver à la fois à préparer le championnat de la meilleure façon possible tout en préparant Le Mans. De plus, nous allons devoir gérer la complexité d’une évolution de voiture qui sera bien sûre appliquée au Mans et qu’il faudra gérer en termes de développement sur la première partie de saison. »

Quelles sont tes attentes et objectifs pour la saison 2024 ?

« Il y a trois piliers : organisation, fiabilité, performance. Nous avons bien progressé sur les deux premiers, l’attente principale reste donc sur le dernier. C’est d’ailleurs pour cela que nous allons faire un nouveau développement de la voiture pour aller sur un concept plus proche de celui de nos concurrents qui permettra au moins de réduire l’impact des défauts de la BoP actuelle en revenant à des solutions plus similaires à celles utilisées par nos concurrents. C’est aujourd’hui la solution qui pourrait nous aider à trouver un réel niveau de performance, ce qui est notre objectif n°1 pour la saison prochaine. Le second objectif, sera de capitaliser sur la fiabilité car du aux évolutions, nous allons forcément rependre des risques techniques qu’il va falloir fiabiliser. Rapidement, donc avant la première course de la saison, nous allons devoir retrouver le niveau de fiabilité de la fin de saison 2023 sur la voiture 2024.

Aujourd’hui nous ne sommes pas au niveau que l’on attendait en termes de performance sur la voiture, néanmoins nous avons énormément progressé en tant qu’équipe. Je pense que nous sommes prêts pour 2024 et si nous arrivons à atteindre le niveau de performance souhaité, nous serons aux rendez-vous et aux avant-postes lors de que saison 2024. »